LIVRE : Les étonnants pouvoirs de transformation du cerveau






















Norman Doidge est un psychiatre et psychanaliste canadien. Ses recherches cliniques l’ont amené à publier, en 2007, ‘Les étonnants pouvoir de transformation du cerveau’, un best-seller international, disponible dans plus de 100 pays, et traduit en français dès 2008 (Belfond). 

Dans cet ouvrage, Norman Doidge nous livre avec beaucoup de clarté les nouvelles connaissances sur les capacités de réorganisation structurale et fonctionnelle du cerveau. 


Synopsis (Source Fnac.com)



Pendant des siècles, la médecine et la science ont affirmé que le cerveau était comme une machine : si une partie s'abîmait, une fonction disparaissait. Or, on découvre aujourd'hui que cette affirmation est complètement erronée : le cerveau a la capacité de s'adapter, de compenser les déficiences dues à des lésions, des traumatismes ou des handicaps de naissance. À travers des analyses détaillées de cas (chaque chapitre est consacré à l'histoire d'un patient), accompagnées d'entretiens avec des spécialistes, Norman Doidge illustre brillamment cette étonnante capacité du cerveau à se réparer.

Doué d'un talent de conteur, du souci des détails et du sens de l'anecdote, il offre un livre qui se lit comme une suite d'histoires. Une femme qui avait perdu l'usage de l'oreille interne et qui depuis cinq ans ne pouvait se tenir debout a ainsi retrouvé l'équilibre grâce à des détecteurs sensoriels posés sur la langue. Une victime d'un infarctus a récupéré l'usage de ses jambes, alors que 97 % des nerfs reliant son cortex à sa moelle épinière étaient détruits.

L'ouvrage passionnant de Norman Doidge renouvelle la science du cerveau, explore les travaux des chercheurs les plus pointus et présente des traitements révolutionnaires. Un propos à la rigueur scientifique servie par la prose vivante, accessible et enlevée d'un excellent journaliste.

Site du livre aux Editions Belfond

PAROLES : Dalaï Lama / Vivre !



On a demandé au Dalaï Lama ...
« Qu’est-ce qui vous surprend le plus dans l’humanité? »


Il répondit : « Les hommes ... »   
« Parce qu’ils perdent la santé pour accumuler de l’argent, ensuite ils perdent de l’argent pour retrouver la santé. 
Et à penser anxieusement au futur, ils oublient le présent, de tel sorte qu’ils ne vivent ni le présent, ni le futur. 
Ils vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir ... et meurent comme s’ils n’avaient jamais vécu. » 


Merci à Maryse d’avoir partagé avec nous ces paroles empruntes de sagesse. 

MESSAGE : Thich Nhat Hanh / Victimes du Tsunami au Japon


Message de Thây à nos amis au Japon

 
Chers amis au Japon, 

 En contemplant le grand nombre de personnes qui sont mortes dans cette  tragédie, nous pouvons ressentir très fortement que, d'une certaine manière, nous sommes morts également.

La douleur d'une partie de l'humanité est la douleur de l'humanité toute entière. Et l’espèce humaine et la planète Terre sont un seul et même corps; ce qui arrive à une partie du corps arrive au corps tout entier. 
Un tel événement nous rappelle la nature impermanente de notre vie. Cela nous aide à nous souvenir que le plus important est de s'aimer les uns les autres, d'être là les uns pour les autres et de chérir chaque moment de notre vie. C'est la meilleure chose que nous puissions faire pour ceux qui sont morts: nous pouvons vivre de telle sorte qu'ils puissent continuer en nous avec beauté. 

Ici en France et dans nos centres de pratique du monde entier, nos frères et soeurs continueront à chanter pour vous, vous envoyant l'énergie de paix, de guérison et de protection. 

Nos prières sont avec vous. 

Thich Nhat Hanh



Qui est Thich Nhat Hanh ?
Qu’est-ce que le Village des Pruniers ?



ORGANISATION : Fondation Pierre Rabhi

















Qui est Pierre Rabhi ? 

Agriculteur, écrivain et penseur français d'origine algérienne, Pierre Rabhi est un des pionniers de l'agroécologie. Inventeur du concept « Oasis en tous lieux » et initiateur du « Mouvement pour la Terre et l’Humanisme », il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages dont « Paroles de Terre », du « Sahara aux Cévennes », « Conscience et Environnement » ou « Graines de Possibles », co-signé avec Nicolas Hulot.

« Plus que jamais, au moment où les pénuries alimentaires ne cessent de croître dans le monde, l’agroécologie est perçue par un nombre grandissant d’acteurs , comme une alternative incontournable. Elle permet aux communautés humaines de se nourrir de manière autonome, tout en privilégiant la qualité nutritive des aliments et en préservant le patrimoine nourricier, pour une meilleure transmission aux générations futures. » Pierre Rabhi, mai 2009. 

Que fait la Fondation ? 
La Fondation Pierre Rabhi oeuvre pour la sécurité, la salubrité et l'autonomie alimentaires des populations. Pour cela, elle soutient principalement des projets de déploiement de l'agroécologie à travers le monde. Elle privilégie les modèles à taille humaine afin de nourrir sainement les humains, préserver et régénérer le milieu naturel, et contribuer à réconcilier l'histoire de l'humanité avec les impératifs établis par la Nature depuis ses origines.

Elle soutient le développement et l’essaimage des savoirs et savoir-faire agroécologiques, elle accompagne des projets de sensibilisation, de formation et de transfert de compétences au Nord comme au Sud. Elle permet le déploiement de prototypes, la mise en réseau d’acteurs sur le terrain, la recherche et l’innovation.

Son objet est de promouvoir l’agroécologie et sa philosophie en démontrant la pertinence de ces nouveaux modèles auprès des acteurs politiques, économiques et sociaux.

Elle reste bien entendu impliquée auprès du grand public à travers des conférences, un soutien apporté aux acteurs associatifs et des échanges réguliers.

Quelques exemples de projets soutenus :
- conversion à l’agroécologie de 500 monastères roumains
- création de la fédération agroécologique du Bénin
- création d’un centre de formation à l’agroécologie au Maroc
- d’autres projets en France, au Burkina Faso, en Argentine et ailleurs sont en cours d’étude


Pour en savoir plus ...

(Sources : Site de la Fondation Pierre Rabhi)

PAROLES : Cultiver la sérénité














CULTIVER LA SÉRÉNITÉ (par Edgar Morin, sociologue, dans 'La Voie’)
Avoir un regard positif sur l’inattendu, l’improbable
Vivre la « crise » comme source de forces régénératrices
Contenir ses émotions
Se garder d’une langue méchante
Se moquer de soi
Tenter un dialogue entre raison et passion
Faire son auto-examen et son autocritique
Forger l’estime de soi par ses actes et son comportement
Se préserver du temps pour méditer
Quitter l’addiction au consumérisme
Alterner fêtes et sobriété















LA VÉRITÉ DU SOI (par Jacques Rancière, philosophe, dans ‘Le maître ignorant’)


« Le principe du mal n’est pas dans une connaissance erronée du bien qui est la fin de l’action. Il est dans l’infidélité à soi. Connais toi toi-même ne veut pas dire à la manière platonicienne : sache où est ton bien. Il veut dire : reviens à toi, à ce qui en toi ne peut te tromper… Le mal est de divaguer, de sortir de sa route, de ne plus faire attention à ce qu’on est, d’oublier ce qu’on est. Va donc TON chemin… L’essentiel est de ne pas mentir, de ne pas dire qu’on a vu quand on a gardé les yeux fermés, de ne pas raconter autre chose que ce qu’on a vu, de ne pas croire qu’on l’a expliqué quand on l’a seulement nommé… Ainsi chacun de nous décrit-il, autour de la vérité, sa parabole. Il n’y a pas deux orbites semblables. »


ORGANISATION : Totnes, villes en transition





Le mouvement de Transition (site officiel en français) est né en Grande-Bretagne en septembre 2006 dans la petite ville de Totnes. L'enseignant en permaculture Rob Hopkins (voir son blog, en anglais) avait créé le modèle de Transition avec ses étudiants dans la ville de Kinsale en Irlande un an auparavant. Il y a aujourd'hui plus de 250 initiatives de Transition dans une quinzaine de pays (voir la liste officielle) réunies dans le réseau de Transition (Transition Network). Des initiatives s'organisent dans des communautés francophones en Europe et en Amérique du Nord. Vous pourrez découvrir certaines d'entre elles sur ce site. Elles adhèrent aux objectifs centraux du mouvement de Transiton. 


Objectifs
Il s'agit d'inciter les citoyens d'un territoire (village, commune, ville ou quartier d'une ville) à prendre conscience du pic pétrolier, de ses profondes conséquences, et de l'urgence de s'y préparer en mettant en place des solutions visant à :
  • réduire ses émissions de CO2 et sa consommation d'énergie d'origine fossile selon le Plan d'action de descente énergétique créé par la collectivité et fondé sur une vision positive de son avenir ;
  • retrouver un bon degré de résilience par la relocalisation de ce qui peut l'être et par l'intensification des liens entre habitants et acteurs économiques locaux ;
  • acquérir les qualifications qui deviendront nécessaires.
Dès lors, chaque collectivité locale trouvera par elle-même les solutions qui lui conviennent en fonction de ses ressources et de ses enjeux. Il n'y a pas de réponse toute faite. Le modèle de Transition offre un cadre de travail cohérent mais non coercitif.
Une initiative de Transition est une sorte de «toit» commun qui reconnaît les réalisations portées par d'autres (associations, Agenda 21, entreprises etc.) et soutient les projets qui correspondent aux objectifs.


Pourquoi agir localement ?

  • parce que l'économie devra inévitablement se relocaliser en grande partie ;
  • parce que c'est le niveau auquel les citoyens peuvent inventer des solutions bien adaptées à leur réalité et passer à l'action ;
  • parce que c'est souvent près de nous que se trouvent les gens, les ressources et les solidarités pour agir.


Guide des initiatives de transition
La démarche des initiatives de Transition est résumée dans le Guide des initiatives de Transition. Cette démarche consiste à aider les citoyens à définir ensemble leur avenir et les solutions qu'ils souhaitent mettre en place (parallèlement aux mesures qui pourront être prises au niveau national ou international). La première étape consiste à établir une vision commune qui dédramatise la mutation à venir et fournit la motivation nécessaire pour s'engager dans un profond processus de changement.
(Source : Site officiel du Mouvement des Villes en Transition)


Le site des Villes et Communautés en Transition est une mine d’information et une boîte à outils extraordinaire pour agir au plan local. L’idée n’est pas de créer des villes nouvelles avec une empreinte écologique réduite mais plutôt de partir de l’existant, d’où l’idée de ‘transition’. Essayez de constituer un collectif d’individus enthousiastes et informés et ensuite allez voir vos élus. En France, les villes en transition sont : Bordeaux, Grenoble, St Quentin en Yvelines ... Si les élus de ces villes se sont engagés, vos élus peuvent s’engager aussi ! 

PAROLES : Ta religion n’a aucune importance (Dalaï Lama)







Voici un bref dialogue entre Leonardo Boff, théologien brésilien et récipiendaire du prix Nobel alternatif en 2001, et le Dalaï Lama. Ce dialogue est rapporté par Leonardo Boff, lui-même. 




Dans une discussion à propos de la religion et de la liberté dans laquelle Dalai Lama et moi-même participions, je lui ai demandé, un peu malicieusement, lors d’un temps libre, une question qui me semblait très importante: « Sa Sainteté, selon vous, quelle est la meilleure religion? « 


Je pensais qu’il dirait: « Le bouddhisme tibétain » ou « Les religions orientales beaucoup plus vieilles que le christianisme. » Dalai Lama s’est arrêté, m’a souri et, en me regardant droit dans les yeux… Ce qui m’a surpris, parce que je sentais la malice dans ma question. 


Il me répondit: « La meilleure religion est celle qui te rapproche de Dieu. C’est celle qui fait de toi, une meilleure personne. » 


Pour me sortir d’embarras, avec une réponse si remplie de sagesse, j’ai alors demandé: « Qu’est-ce qui nous rend meilleur? » 


Il a répondu: « Tout ce qui te remplit de compassion, te rend plus sensible, plus détaché, plus aimable, plus humain, plus responsable, plus respectueux de l’éthique. La religion qui fera tout ça pour toi, c’est la meilleure religion. » 


J’ai gardé le silence pour un instant. J’étais émerveillé , et je le suis encore aujourd’hui, en pensant à sa réponse pleine de sagesse et si irréfutable: « Mon ami, je ne suis pas intéressé dans ta religion ou si tu es religieux ou pas… Pour moi, ce qui est important c’est la façon dont tu agis avec les autres, ta famille, tes collègues de travail, ta communauté, et devant tout le monde. Rappelle-toi que l’univers est l’écho de nos actions et de nos pensées. »


« La loi de l’action et réaction n’est pas exclusive à la physique. Il s’agit aussi de nos relations humaines. Si j’agis avec bonté, je recevrai de la bonté. Si j’agis avec méchanceté, je recevrai de la méchanceté. »


« Ce que nos grands parents nous ont dit est la pure vérité. Tu recevras toujours ce que tu souhaites aux autres. Être heureux n’est pas une affaire de destin, c’est une affaire d’options ou de choix. » 

Finalement, il a dit: « Prends soin de tes pensées parce qu’elles deviendront des Mots. Prends soin de tes mots parce qu’ils deviendront Actions. Prends soin de tes actions parce qu’elles deviendront Habitudes. Prends soin de tes habitudes parce qu’elles formeront ton Caractère. Prends soin de ton caractère parce qu’il formera ton Destin, et ton destin sera ta Vie. Il n’y a pas de religion plus grande que la Vérité.» 


(Merci à Maryse pour ce partage)

ACTION : Pétition pour la défense d’une médecine naturelle














Faut-il signer la pétition pour la défense d’une médecine naturelle ?


Depuis quelques semaines, j’ai reçu par différentes personnes un appel à signer une pétition internet 'pour la défense d’une médecine naturelle'. A première vue, le message posté sous format vidéo est louable et semble bien documenté. Mais en fouillant un peu, il m’a été impossible de savoir qui se cache derrière cette action. Aucune information sur l’identité des auteurs n’apparaît sur le site internet. Juste le fait qu’en Angleterre, une même action a été entreprise par l’ANH, Alliance for Natural Health, et qu’au niveau européen, une fondation a été créée la European Benefyt Foundation, pour la défense de la Médecine Traditionnelle Chinoise. Bien sûr, je suis allé voir sur les sites de l’ANH et de l’EBF. Les sites donnent des informations précises sur ces organisations dans la section ‘About us’. Sauf erreur de ma part, je n’ai trouvé aucun signe d’un quelconque partenariat avec le Collectif pour la Défense de la Médecine Naturelle. 

Du coup, pour éviter de signer aveuglément et donner mes coordonnées (nom, prénom, adresse et mail) à un collectif dont je ne connais ni l’historique, ni les intentions réelles, j’ai décidé d’envoyer un message au mail de contact pour en savoir plus ... pas de réponse. En faisant quelques recherches complémentaires, autour du nom de domaine et de son contact administratif, j’ai trouvé un nom et un autre email ... pas de réponse non plus ... 

Je suis de plus en plus dubitatif. J’ai fini par envoyé un mail à Kokopelli, qui est cité dans le powerpoint. J’ai reçu en réponse, leur newsletter dont voici ci-dessous les extraits choisis. Les termes utilisés par Kokopelli pour désigner les auteurs de la pétition sont les suivants : « groupe d’industriels courageux mais anonymes » ...  La newsletter invite ensuite à lire l’article de Sylvie Simon sur le sujet. Cette journaliste spécialisée sur les sujets santé/écologie, nous livre une vision plus précise du problème que pose la future directive européenne (extraits choisis ci-dessous). 

De fait, il semble que cette action internet ait provoqué des remous chez les experts, car le site de la pétition ne contient plus de message vidéo. Le collectif s’en défend ainsi : "Au départ, nous avions créé une vidéo, qui a beaucoup circulé sur Internet. Mais nous avons décidé de la retirer parce que nous nous sommes aperçus que certains critiquaient notre action, au motif que la directive THMPD n'aurait pas des effets aussi radicaux que nous le disions. Ont-ils raison ? Nous ne le pensons pas. On peut toujours discuter les détails juridiques de cette directive, et chercher à imaginer comment les administrations des différents pays européens décideront de l’appliquer. » Bien sûr, « nous » est indéfini et nous n’en savons pas plus sur les auteurs de cette pétition. Autre fait étonnant, alors que l’adresse de contact était, il y a encore une semaine, une adresse parisienne, c’est désormais une adresse à Bruxelles ... 

Je vous laisse désormais juge de signer ou non cette pétition. 
Sachez, en tout état de cause, que vos données seront dans les mains d’un collectif dont vous ne savez rien ... 

D’ailleurs, la formulation utilisée par le Collectif sur la confidentialité de vos données est assez surprenante : "Notez bien que vos coordonnées resteront strictement confidentielles et ne seront JAMAIS ni prêtées, ni échangées, ni louées, ni révélées à qui que ce soit, pour quelque motif que ce soit. Pour toute question à ce sujet ou pour faire retirer votre nom de la liste et supprimer vos coordonnées de notre fichier, écrivez à securite@defensemedecinenaturelle.eu. Votre demande sera traitée immédiatement. » Je passerai sur le fait que l’obligation légale de mentionner la CNIL n’est pas assurée, mais surtout « vos données ne seront JAMAIS révélées à qui que ce soit, pour quelque motif que ce soit » .... mmm ... mais alors, ça sert à quoi de signer cette pétition si elle n’est jamais remise aux autorités ? 

Un lotus pour vous, 
thomas 


Ajout du 29/04/11
Avaaz a lancé une vaste campagne concernant cette même thématique. L’organisation, tout comme la manière de collecter les signatures, et la manière dont ces signatures seront utilisées sont expliquées en toute transparence. Il s’agit d’une organisation plus que sérieuse, dont le travail a déjà été salué par de nombreuses ONG, des gouvernements et certaines institutions onusiennes. Je vous engage à vous rendre sur le site d’Avaaz et la signer. PETITION AVAAZ 


Ajout du 03/05/11 - Source Consom’action, le magazine du réseau Biocoop
« Alerte pour les plantes : Une pétition alarmiste sur une interdiction des plantes médicinales circule sur internet, depuis plusieurs mois. La réalité y est très largement déformée. (...) Le droit de vendre des plantes n’est pas remis en question par l’Union européenne, ce sont les allégations santé figurant sur les emballages qui font l’objet de révision. Les échéances fixées en 2011 sont gelées, les négociations entre les fabricants et les autorités sont en cours."



Extrait de la newsletter de Kokopelli (22/03/11)
"Grâce au Codex Alimentarius, les multinationales et leurs valets d’Etat ont pu imposer, aux peuples de toute la planète, les chimères génétiques, les fertilisants de synthèse et les pesticides (herbicides, fongicides, insecticides, nématocides...). Grâce au Codex Alimentarius, les multinationales et leurs valets d’Etat vont maintenant réguler les plantes médicinales et les compléments alimentaires au bénéfice de l’industrie, en général, et de l’industrie pharmaceutique, en particulier. (...) 
Que faire? Devons-nous signer la pétition “Défense des médecines naturelles” mise en ligne par un groupe d’industriels courageux mais anonymes? L’ennui avec les pétitions virtuelles, c’est que les psychopathes ne peuvent pas s’en servir pour allumer leur barbecue.
Les lecteurs et lectrices intéressées par cette problématique de “défense des plantes médicinales et des compléments alimentaires” sont invitées à consulter les divers articles de Sylvie Simon, de Thierry Thévenin et de Michèle Rivasi sur le site de Liberterre, dans la rubrique Nécro-Codex. » 

Extrait d’un article de Sylvie Simon, journaliste et écrivain, posté sur son blog en octobre 2010. Sylvie Simon combat les idées reçues en explorant divers domaines de la science, et consacre la plus grande partie de son activité à militer contre la désinformation en matière de santé et d’écologie, sujets de brûlante actualité. Elle a déjà publié plusieurs essais sur des scandales (sang contaminé, vaches folles, amiante, hormones de croissance, vaccins, aspartame, etc.).

"cette annonce fait lamalgame entre le Codex régissant les vitamines et les compléments alimentaires et la Directive européenne concernant ces mêmes compléments mais qui sont deux choses différentes. La Directive européenne a été adoptée par la FAO, alors que cest lOMS qui gère le Codex et son application. Or la Directive européenne na pas encore établi la proportion maximale de vitamines et minéraux que peuvent contenir ces compléments ni à quelle date, ces restrictions seront appliquées. Il est donc inexact daffirmer que tout va changer le 1er avril 2011. Le danger principal serait de limiter la concentration de vitamines et minéraux à des dosages très faibles, donc sans aucun effet. Cependant, même si cela se produisait, les consommateurs compenseraient en prenant plus de tablettes ou capsules, ce qui entraînerait un coût bien plus élevé quaujourdhui, mais ne verrait pas la disparition de ces produits. Quant aux plantes, si lon ne les appellent pas « médicinales » on pourra toujours les vendre. » (lire l’article dans son entier)






DOCUMENTAIRE : L’eau en bouteille, pour qui ? (Arte 22/03)

'L’eau en bouteille, pour qui?', un documentaire britannique diffusé sur Arte le 22 mars au soir. Rediffusions les 24 mars (11h20) et 31 mars (16h).

Comment justifier que les Londoniens boivent de l'eau mise en bouteilles aux îles Fidji quand, dans le même temps, 35 % de la population de ces îles n'a pas d'accès à l'eau potable ? Beaucoup d'Européens ont ainsi renoncé à boire l'eau, pourtant de qualité, qui sort du robinet et consomment de l'eau en bouteilles. La branche prévoit pour les années à venir une croissance de plus de 30 %. Pourtant, les dégâts causés à l'environnement par le développement de ce marché sont plus qu'alarmants : chaque année, le seul transport de ces bouteilles du lieu de production au consommateur produit plusieurs centaines de milliers de tonnes de CO2. De son côté, la fabrication des bouteilles de plastique engloutit 1,5 milliard de barils de pétrole. Et enfin, une bouteille sur quatre seulement est recyclée, le reste polluant les sols et les eaux naturelles pour des siècles. Chère victoire du marketing sur le bon sens.






Le documentaire en entier n’est plus disponible sur le site d’Arte. Vous pouvez le trouver en téléchargement sur internet. 

DOCUMENTAIRE : Water makes money (Arte - 22/03)

Water makes money (comment les multinationales transforment l’eau en argent), un documentaire allemand diffusé sur Arte le 22 mars au soir. Rediffusions les 24 mars (10h05) et 31 mars (14h45).

Bande-Annonce du documentaire



Partout dans le monde, Veolia et Suez s'approprient la gestion de l'eau. Une enquête rigoureuse et engagée sur les dérives de l'utilisation de l'or bleu à des fins commerciales.



En France, Veolia et Suez gèrent 80 % de l'approvisionnement en eau dans le cadre de partenariats public-privé (PPP) qui voient les communes rester propriétaires des infrastructures et déléguer l'exploitation aux entreprises privées. Mais alors que ce modèle rencontre un indéniable succès à l'étranger, de plus en plus de municipalités tentent de reprendre le contrôle de l'eau dans l’hexagone (recommunalisation).

Ce film passionnant retrace, documents à l'appui, le processus qui a conduit à l'abandon des régies publiques, encouragé par "le droit d'entrée" : une pratique consistant, pour les opérateurs privés, à mettre à disposition des communes une confortable somme d'argent afin de s'assurer la conversion au modèle du PPP. Ces mariages d'intérêt ne sont pas restés sans conséquences pour les usagers : factures en constante augmentation, canalisations non entretenues... La longue liste de doléances a incité certaines municipalités, à l'instar de Paris et de Grenoble, à choisir la "recommunalisation" pour protéger la ressource en amont et offrir aux habitants un service de qualité. En France, mais aussi en Allemagne, au Kenya ou au Guatemala, par la voix d'experts tels que Maude Barlow, lauréate du prix Nobel alternatif, d'élus locaux dont Anne Le Strat, adjointe au maire de Paris chargée de l'eau, et de représentants d'associations de consommateurs, Water makes money alerte sur les dangers liés à l'hégémonie de Veolia et Suez, qui se traduit par une présence grandissante des multinationales dans les médias, les partis politiques, les ONG et les universités...

(Source Arte : www.arte.tv/fr)


Pour en savoir plus : Water makes money, le film (site officiel)



CONSOM’ACTEUR : Quand la consommation se fait utile (!)



Pour une espèce en voie de disparition ...

VIDEO : La méditation au quotidien par Matthieu Ricard et Alexandre Jollien

Le 15 mars 2010, à Lausanne, l’association bouddhiste suisse de la communauté Rigdzin accueillait Matthieu Ricard, docteur et génétique moléculaire et moine bouddhiste tibétain, et Alexandre Jollien, philosophe, pour intervenir sur la thématique « La méditation au quotidien ». 


Alexandre Jollien est écrivain et philosophe. Ce jeune homme de 35 ans possède un parcours hors du commun compte tenu de son handicap : une infirmité motrice cérébrale. Il est l’auteur de plusieurs best sellers dont 'La Construction de Soi’, 'Eloge de la Faiblesse’ ou encore ‘Le Philosophe Nu’. 
"A mes yeux, la philosophie tient essentiellement de l’exercice spirituel, d’un art de vivre. » Alexandre Jullien


Matthieu Ricard est docteur en génétique moléculaire, plus connu sous sa casquette de moine bouddhiste, accompagnateur-traducteur du Dalaï Lama lorsqu’il vient en France. Il vit et travaille dans la région himalayenne depuis quarante ans. Matthieu Ricard est également écrivain et photographe. Il fait don de tous les revenus de son travail à trente projets humanitaires en Asie auxquels il consacre une grande partie de son temps. Il est l’auteur, entre autres, de ‘L’Art de la méditation’, et ‘Plaidoyer pour le bonheur’. 
"Les êtres vivants redoutent le malheur mais courent à lui. Ils veulent le bonheur mais lui tournent le dos. » Matthieu Ricard





Merci à Danielle pour avoir suggéré cet article. 

FIGURE : Thich Nhat Hanh, le moine qui enseigne la paix

LE MAGASINE CLÉ-ITINÉRAIRES NOUS OFFRE PAR LA PLUME DE PATRICE VAN EERSEL UNE TRÈS BELLE BIOGRAPHIE DE THICH NHAT HANH


Thich Nhat Hanh, le moine qui enseigne la paix
Par Patrice van Eersel





Pour quelle raison se sent-on si proche de Thich Nhat Hanh, quand on l’approche et l’écoute, ou simplement quand on le lit ? Le monde des guides spirituels ne manque pas de grandes figures, mais rares sont celles qui posent leur humanité avec autant de transparence. Ce qu’il propose est simple et tout est là. Mais est-ce si étonnant, après une pareille saga ?

Thich Nhat Hanh. Le Village des Pruniers. La communauté de l’Inter-Être. Le regard profond. La respiration de la pleine conscience. La non-peur. L’art de dépasser la colère.... S’il fallait résumer en un mot cet homme, sa saga, son réseau, son enseignement, ses influences en plusieurs lieux de la planète, sans doute choisirait-on le mot « douceur ». Quoi de plus doux que cette voix, que les histoires qu’elle raconte, que les poèmes qu’elle chante, que les thèmes qu’elle fait résonner en vous, que les gestes qu’elle induit chez ceux qui s’en imprègnent ?
Quand vous arrivez au Village des Pruniers, en Dordogne, c’est cela qui vous frappe, ou plutôt vous caresse : les attitudes, les regards, les voix sont empreints d’une douceur peu commune. Au fil des jours, depuis la méditation du matin jusqu’à celle du soir, au réfectoire comme dans les ateliers, et même quand tout se fige artificiellement quelques secondes, en « arrêt sur image », parce que la cloche vient de sonner (n’importe quand dans la journée), ce qui sert à chacun à se rappeler à lui-même et à revenir à une respiration consciente et reconnaissante (« J’inspire, je suis conscient de la vie en moi et autour de moi ; j’expire, je me sens en vie »), cette douceur s’avère authentique, réelle, profonde, ancrée. C’est d’autant plus impressionnant qu’à l’origine, cet homme, sa saga, son réseau... ont été trempés au feu des plus redoutables combats : la résistance des jeunes bouddhistes engagés contre la guerre du Vietnam. Certains n’hésitaient pas alors à s’immoler par le feu, non pour assassiner, comme le font les kamikazes intégristes, mais pour prendre sur eux la douleur du monde et signaler que l’inacceptable a été franchi.
Du coup, le mot « douceur » prend une dimension toute autre, ontologique, cosmique. Des chrétiens vous le disent, en larmes : « Écoutant Thich Nhat Hanh, j’ai enfin compris les mystères les plus insensés des Évangiles, par exemple cette invitation de Jésus à tendre l’autre joue, quand on vous a giflé. » C’est vrai que quand « Thây » (« maître » en vietnamien, c’est ainsi que l’appellent ses élèves) parle, avec son infinie douceur, de la nécessité de comprendre nos adversaires, parce que, tout comme nous, ils sont trompés par leurs « perceptions erronées », on a la sensation d’entendre : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » Une résonance « christiano-bouddhique » dont le maître de 80 ans (il en paraît 60) se réjouit ouvertement : même si sa propre spiritualité ne se fonde pas sur un Dieu personnel, n’a-t-il pas écrit un livre très sensible sur les affinités entre Bouddha et Jésus ? Il y rappelait que le maître des chrétiens invitait ses disciples à se comporter comme les oiseaux du ciel, qui vivent en conscience, ici et maintenant, sans se soucier continuellement d’investir et d’amasser pour demain.
Tout n’avait pourtant pas commencé de façon idyllique entre Thich Nhat Hanh et les chrétiens, du moins ceux qui avaient installé un pouvoir dictatorial à Saigon, à la fin des années 50...

Des hommes masqués dans la nuit

En ce temps-là, Thich Nhat Hanh était un jeune leader bouddhiste en révolte. Ordonné moine à 16 ans en 1942, il avait mené de brillantes études, en histoire et en science des religions, sans toutefois trouver de monastère à sa convenance. Choqué par la corruption, le laisser-aller et l’archaïsme de la plupart des centres bouddhistes, cet homme sensible et humble qui écrivait des poèmes, s’était retrouvé avec quelques autres, dans un monastère abandonné, rêvant d’une révolution pacifique. Comment adapter les préceptes du Bouddha au monde moderne, plein de violence et de tentations ? Certainement pas en passant sa vie à allumer des bâtons d’encens pour obtenir les grâces divines et une bonne réincarnation !
L’endormissement général était d’autant plus rageant que la spiritualité bouddhiste leur semblait une réponse simple et idéale aux boursouflures contemporaines - ce qu’ils exprimèrent d’abord en fondant la « Communauté de l’Inter-être ». Une vision à la fois quotidienne et systémique : ce que je fais à l’autre, je me le fais à moi-même ; le battement d’aile d’un papillon peut déclencher une tempête ; tout se tient ; le moi est une illusion... Bref, ces jeunes moines œuvraient à un aggiornamento fondamental de leur spiritualité.
Cela se sut, notamment par le biais d’une petite revue de leur crû. En quelques mois, ils furent repérés par beaucoup de jeunes épris d’idéal... mais aussi par les policiers du dictateur Ngo Dinh Diem. D’un catholicisme intégriste dur, Diem pratiquait un prosélytisme ouvert et menait la guerre contre les bouddhistes actifs - torturant et assassinant au besoin, ce contre quoi s’immolèrent les premiers moines martyrs -, dans l’espoir, entre autres, de plaire au Vatican et d’obtenir un titre de cardinal pour son frère. Ses tueurs se mirent bientôt sur la piste de Thich Nhat Hanh. Mais entre-temps, celui-ci était parti aux États-Unis, pour étudier puis enseigner les religions comparées (à Princeton et à Columbia)...
La consolidation du « bouddhisme engagé » n’allait vraiment se faire qu’à partir de 1963. Moins de dix ans après la défaite française de Dien-Bien-Phu, la guérilla communiste contre le Sud et la répression aveugle du gouvernement de Saigon se nourrissant l’une l’autre, une véritable guerre était en train de se rallumer. Dans ces conditions, impossible pour Thich Nhat Hanh de rester en Amérique. Coincidence : Diem venait d’être renversé... C’est alors que Thây rencontre une jeune fille passionnée, Cao Ngoc Phuong, étudiante en biologie, qui, quasiment seule, monte un réseau d’entraide dans les quartiers pauvres de la capitale sud-vietnamienne. Très vite, elle lui déclare son désir de devenir moniale, dans le même esprit que lui. Il saura la faire patienter plus de dix ans : la future sœur Chân Không (« Merveilleuse Vacuité »), bras droit de Thich Nhat Hanh et co-fondatrice du Village des Pruniers, est trop utile à l’époque en tant que laïque ; pour la cause, elle doit garder ses cheveux longs et sacrifier son désir d’entrer dans les ordres, pour agir plus librement sur tous les terrains. Ensemble, ils vont mener une action prodigieuse sur plusieurs fronts, social, diplomatique, spirituel.
C’est certainement le social qui les rassemble alors le mieux. D’une façon qui fait assez penser aux prêtres ouvriers, Thich Nhat Hanh et ceux qui le suivent travaillent d’arrache pied dans les zones les plus pauvres, banlieues ou villages de campagne. Leur organisation prend le nom d’École de la jeunesse pour le service social (quarante trois ans après, le réseau existe toujours !). Cet engagement enthousiasme beaucoup de jeunes vietnamiens (bouddhistes, et aussi chrétiens progressistes), mais déplaît fortement aux hégémonies politiques. Les communistes, pour l’instant, ne disent rien... Ce sont les réacs cathos qui, à nouveau, attaquent. Diem a été remplacé par Thieu, mais rien n’achangé. De nouveau, des tueurs sont aux trousses du moine. Plusieurs fois, des hommes masqués jetteront des grenades dans des maisons endormies, faisant plusieurs morts et beaucoup de blessés, mais sans réussir à coincer Thich Nhat Hanh, qui ne dort jamais deux nuits au même endroit.
La guerre devient totale. La multiplication des bombardements américains jette l’effroi dans des zones de plus en plus vastes. Luttant avec peine contre la colère et le désespoir (par la méditation, et aussi par l’écriture de poèmes), Thây décide de gagner New-York, pour secouer l’opinion. Il rencontre le ministre de la Défense, Robert McNamara, et le camp pacifiste américain lui fait bon accueil. Thây rencontre le pape Paul VI, le moine Thomas Merton et le pasteur Martin Luther King qui, apprenant tout ce qu’il fait depuis des années, va le proposer comme candidat au Prix Nobel de la Paix... (c’eût été mérité !).
Mais la guerre continue et, quand Thây veut rentrer à Saigon, les portes sont fermées. Désormais, il devra suivre les évènements à distance. Pour lui, c’est une souffrance redoublée.
La spiritualité telle qu’il la conçoit est tellement proches du quotidien, que certains croient y déceler des motivations politiques. En réclamant l’ouverture de discussions entre Nord et Sud, les bouddhistes engagés ne cherchent-ils pas à représenter une « troisième force » qui tirera les marrons du feu ? Pour Thây, l’essentiel se joue ailleurs : les deux camps sont les jouets de leurs « perceptions et désirs erronés », cause de toute violence, et seule une évolution vers la « pleine conscience » peut leur ouvrir les yeux et les amener à la compassion nécessaire pour signer la paix. « Nous sommes tous capables de pratiquer la non-violence, dit le moine, il faut commencer par reconnaître que nous portons tous en nous à la fois des graines de compassion et de violence. Arrosons les premières, le bébé Bouddha s’éveille en nous ! »
Bien sûr, les belligérants ricanent, dans les deux camps : « Erronées, nos perceptions ? Pas du tout ! Les communistes (ou les impérialistes, selon le cas) veulent nous éliminer, ils vont voir de quel bois nous nous chauffons ! Guerre totale ! » Dix ans plus tard, après des centaines de milliers de morts et d’inimaginables souffrances, Thây et ses amis participeront aux Rencontres, puis aux Accords de Paris... qui se solderont par le départ en catastrophe des Américains, en 1975, et l’entrée des Vietcong dans Saigon aussitôt rebaptisée Ho-Chi-Minh-Ville.
Alliance entre bouddhistes engagés et communistes ? Non : en pleine euphorie victorieuse, les nouveaux maîtres du Vietnam réunifié font comprendre à Thich Nhat Hanh qu’il est inutile de demander un visa de retour. Qu’il reste à l’étranger ! Le marxisme-léninisme n’a nul besoin de son bouddhisme, ni d’aucune autre « idéologie obscurantiste » vieille de plusieurs millénaires.

Ce que l’exil les oblige à créer

Commence pour la Communauté de l’Inter-Être, en exil à Paris, une période difficile et pourtant riche de potentialités insoupçonnées. D’une façon quelque peu similaire à celle des Tibétains après l’invasion chinoise de 1959, ces Vietnamiens vont se trouver dans l’obligation de créer des modes d’expression nouveaux, adaptés non seulement à leurs concitoyens, mais à tous les humains. Au début, c’est impossible. Ils pensent à leur pays 24 heures sur 24. Et ce que les medias leur disent des boat people, qui tentent de fuir le régime communiste, ne leur laisse pas le choix : tous leurs efforts sont tendus vers le Golfe de Siam, où ils interviennent avant même l’appareillage de l’Île de lumière de Bernard Kouchner... Mais à la longue, l’impuissance les ronge (Thây ne s’en sort qu’en écrivant des poèmes et des nouvelles pour enfants). Installée en camping, dans une ferme proche de Paris, la « Communauté des patates douces », comme ils s’appellent pour rire, est menacée par l’amertume. Leur sursaut va se faire en plusieurs étapes... D’abord, ils se trouvent confrontés à des milliers de Vietnamiens arrachés à leur pays, aux familles séparées et détruites. Beaucoup de ces gens vont si mal qu’ils se retrouvent en psychiatrie, mais sans succès. Ce sera l’un des premiers résultats frappants, en Occident, du « retour au bouddhisme originel » de Thây. 
Revenant aux bases de l’enseignement du Bouddha, c’est-à-dire à une méthode pragmatique pour :
• respirer consciemment,
• arrêter l’agitation et la dispersion mentales,
• regarder profondément en soi,
• y distinguer la souffrance...
• l’apaiser
• réaliser qu’il n’y a pas de coupure entre soi et le monde,
• différencier en soi les graines de la colère de celles de la conscience,
• arroser ces dernières...

Le maître vietnamien réussit à remettre en selle des centaines de ses compatriotes en état de « traumatisme lourd », que la médecine occidentale ne sait comment soigner. Qui rêverait d’une meilleure démonstration pour éprouver une technique de « développement personnel » ? - terme que Thây ne récuse pas, mais complète : « Il s’agit d’un développement personnel... et collectif ! Les trois précieux trésors ne sont-ils pas, indissociablement liés, le Bouddha (dont l’histoire prouve que tout humain peut connaître l’éveil), le Dharma (la nécessité de s’appuyer sur l’enseignement d’un grand éveillé) et la Sangha (la communauté des pratiquants, qu’ils soient moines et moniales ou laïcs) ? » Sous sa douceur légendaire, le maître n’a pas dévié d’un degré son cap vers le projet de départ : fonder une communauté nouvelle qui respecte le bouddhisme originel. La fondation d’un nouvel ordre, non sans affinité avec les Franciscains, revêtus, comme eux, d’une robe marron, signe d’humilité et d’amour de la nature. De fait, Thich Nhat Hanh va prendre l’initiative d’ordonner des moines et des moniales, hors de la stricte tradition orthodoxe (qui exigerait la présence d’au moins dix moines certifiés), faisant avec les premiers postulants le voyage jusqu’en Inde, à l’endroit où le Bouddha lui-même a enseigné et où l’ordination prend une force particulière. C’est ainsi qu’après plus de dix ans d’attente, Cao Ngoc Phuong va devenir Sœur Chân Không - confirmant son rôle de première assistante de Thây... Quand arrive le début des années 80, une évidence s’impose : leur exil va durer. Thich Nhat Hanh et sœur Chan Khong se mettent alors à la recherche d’un endroit propice pour édifier, en France, le monastère que Thây n’a pas eu la chance de pouvoir fonder au Vietnam. Un monastère qu’il imagine depuis longtemps : ouvert aux laïcs autant qu’aux moines ; servant de lieu de pratique sociale, autant que de centre de méditation ; en résonance avec le monde moderne, mais aussi avec les splendeurs de la nature ; où le catalyseur sera le bouddhisme, mais où les pratiquants d’autres spiritualités se sentiront à l’aise.
Leur premier voyage les amène en Provence. Mais le mistral est trop fort et rend Thây nerveux (Sœur Chân Không en rit encore). Le Bordelais et la Dordogne leur vont mieux. C’est là, à quelques kilomètres de Ste-Foy-la-grande, qu’une série de coïncidences vont leur permettre d’acheter, au fil des années, une, puis deux, puis trois anciennes fermes - baptisés Hameau du bas, Hameau du haut et Hameau nouveau. Un ensemble que Thich Nhat Hanh nommera « le village des pruniers », en référence à un arbre vénéré par les bouddhistes - symbole d’éternité - et dont il plantera mille deux cent cinquante spécimens (chiffre sacré) sur ces terres d’un monde nouveau. Deux types de population vont se côtoyer là : d’une part des moines et moniales, observant sans faiblesse - avec, semble-t-il, plus de rigueur qu’ailleurs - les cinq préceptes définis du temps du Bouddha (pauvreté, chasteté, fraternité...) [1] ; d’autre part, des laïcs venus de tous les horizons, d’abord de la diaspora vietnamienne, puis de la mouvance bouddhiste française (beaucoup de soignants et de psychothérapeutes), puis du monde entier et notamment des États-Unis, où Thich Nhat Hanh n’a jamais cessé d’être considéré comme un guide spirituel de haut niveau. Peu nombreux au début, les moines et moniales sont aujourd’hui (été 2006) environ deux cent cinquante, à parts égales entre hommes et femmes ce qui représente désormais un ordre de belle importance. Les laïcs, de plus en plus nombreux, sont rarement moins de six cents, aux retraites que la Communauté de l’Inter-Être organise plusieurs fois par an...

Des retraites qui constituent une forme précieuse de ressourcement, encadrées de différentes façons :
• par l’enseignement de Thây, toujours aussi chaleureux, doux, humain, souvent axé sur les difficultés relationnelles et les souffrances amoureuses des participants ;
• par des séances de relaxation, souvent murmurées et chantées, dans un lâcher prise enviable, par Sœur Chân Không, qui a gardé une voix de jeune-fille ;
• par des rituels de salutation - les Touchers à la terre -, où chacun est invité à se prosterner sur le sol, à plusieurs reprises, prenant conscience chaque fois de ses propres ancêtres : d’abord biologiques et familiaux, puis culturels et nationaux, enfin spirituels et essentiels ;
• par des marches méditatives, souvent menées par Thich Nhat Hanh lui-même, à travers la campagne... ou en pleine ville, comme ce sera le cas, cet automne, à Paris.
Par ailleurs, Thây voyage énormément, en particulier aux États-Unis, où il a fondé deux mini-monastères (en Californie et au Massachussetts). Un peu partout, il donne des conférences, aussi bien auprès des dirigeants d’entreprises que des détenus en prison, avec un principe simple : entrer en résonance avec le type de souffrance spécifique au groupe visité. Tout le monde souffre, mais chacun à sa façon. Ainsi prône-t-il une « compassion de caméléon ». Le bouddhisme lui-même ne s’est-il pas toujours adapté aux cultures locales, tibétaine au Tibet, chinoise en Chine... ?
Le plus émouvant de ces voyages a eu lieu début 2005 et a duré trois mois. Après trente-neuf ans d’exil, le maître bouddhiste venait enfin de recevoir l’autorisation de retourner dans son pays.

Retour triomphal, trente-neuf ans après

Nous l’avions rencontré à Roissy, juste avant son décollage pour Hanoi. Avec la prudence d’un chat marchant sur la glace, il nous avait dit que ce voyage serait une reprise de contact privée et qu’il remerciait le parti communiste vietnamien d’avoir levé son interdiction de visa. En fait, la demande est autant venue du Parti que de lui - une histoire d’image de marque, de droits de l’homme, de rapports avec l’OMC, etc. Les négociations avaient duré de longs mois. Pour Thich Nhat Hanh, pas question de revenir dans n’importe quelles conditions : il voulait être sûr de parler devant un public. Les communistes désiraient limiter sa visite aux temples bouddhistes qui, comme les églises en Occident, ne sont plus fréquentés que par de vieilles femmes. Thây exigea de parler dans les universités. Craignant comme la peste l’idée de meetings étudiants partant à la dérive, les communistes refusèrent. Quand l’un d’eux eut l’idée de proposer à Thây de parler devant l’école... des cadres du Parti - par définition sous contrôle. À leur surprise, le deal convint au maître - qui avait par ailleurs obtenu d’être accompagné d’un cortège de cent moines et moniales et de cent laïcs.
Le choc du retour, après trente-neuf ans d’exil, fut très émouvant. Sur une terre qu’il avait quittée à l’agonie, les signes de la guerre avaient presque disparu sous la verdure et une jeunesse s’égayant sur des milliers de motocyclettes klaxonnant jour et nuit. Le voyage commença froidement. La parano policière était intense. Aux premières réunions, les trois quarts des invités, pourtant triés sur le volet, se virent refuser leur entrée. Le fiasco était possible. Mais la bonne volonté de la délégation était telle et la soif de dialogue des Vietnamiens, membres du parti ou pas, si intense, que les choses s’arrangèrent - d’autant que Thây réservait à ses hôtes une surprise...
La première fois, ils n’en crurent pas leurs oreilles. Quelqu’un avait posé la question tabou : « Puis-je aimer mon pays et respecter les cinq préceptes du bouddhisme ? » (aimer mon pays = être communiste). La voix du vieux maître fut sans hésitation : « Si devenir bouddhiste vous amenait à ne plus aimer votre pays, ça ne vaudrait pas la peine ! Si vous êtes communiste, soyez-le vraiment ! Revenez à votre essence. Retrouvez le sens initial ! Karl Marx était certainement un homme d’une grande spiritualité. Soyez dignes d’être ses enfants ! »
Quand les dirigeants du parti comprirent que la réponse n’était pas de la provocation - malgré la malicieuse remarque : « Communistes, je crois que nous le sommes davantage au Village des Pruniers que vous ici » -, ce fut l’euphorie. Le bouddhisme revisité à l’Occidentale pourrait donc aider le Vietnam dans son marasme ? La presse fut autorisée à relater les interventions de Thây et des foules de plus en plus grandes purent écouter le prestigieux visiteur et suivre ses invitations à respirer consciemment. Quand, mis en confiance, certains n’hésitaient plus à critiquer le parti, le maître s’en sortait par la compassion : « Aidez vos chefs et votre parti à demeurer ou à redevenir fidèles à eux-mêmes ; la tâche n’est pas facile pour eux ! Mais n’oubliez pas : un arbre sans racines ne peut donner de fruits. »
Plus les semaines s’écoulaient, plus les demandes affluaient, débordant le protocole : demandes de conférences supplémentaires, mais aussi candidatures de jeunes désireux de devenir moines - personne ne leur avait dit à quoi ressemblait le bouddhisme engagé et l’image qu’ils avaient des moines du Vietnam était troublée par bien des rumeurs de corruption, ce dont Thây n’hésita pas à se dire fort attristé...
Mais son optimisme fondamental demeure, le poussant à dire que « la pensée juste et la parole aimante débouchent forcément sur l’action adéquate » et que, même chez une personne à 90% négative, il faut voir et surtout « arroser » les 10% positifs, qui représentent ses graines de l’éveil. À la psychanalyste Christiane Rolin, qui venait de le suivre plusieurs semaines et qui se disait « transformée par ce voyage spirituel », il précisa : « Il ne s’agit pas d’être humains faisant un voyage spirituel, mais d’êtres spirituels accomplissant un voyage humain. »

« Aimer, dit-il aussi, c’est être vraiment présent. » Lui, l’est pleinement.


CONTACT : Le Village des Pruniers : Le Pey,
24240 Thénac 


À voir, entendre et lire :
Pour mener l’enquête de son très beau film La vie de Bouddha, Martin Meissonnier s’est largement appuyé sur les explications de Thich Nhat Hanh. Dans les bonus du DVD, vous verrez Thay expliquer, très simplement, ce qu’il entend derrière les mots Karma, Dharma, Sangha, Nirvana, etc. Production Arte Vidéo. 
À voir également Thich Nhât Hanh : La Paix en soi, la Paix en marche éd. Buddhachannel.
Quant aux livres, citons-en cinq, parmi la cinquantaine que le maître bouddhiste a écrits :
*La paix en soi, la paix en marche, éd. Albin Michel 
*Pour une métamorphose de l’esprit, éd. La Table Ronde 
*La respiration essentielle, éd. Albin Michel 
*Vivre en pleine conscience, éd. Terre du Ciel 
*La plénitude de l’instant, éd. Marabout

Autre biographie de Thich Nhat Hanh dans Psychologie Magazine