DOCUMENTAIRE : "Zeitgeist: Moving forward", mouvement activiste

En 2008, Peter Joseph, citoyen américain, réalise le documentaire ‘Zeitgeist: Moving forward’ qui peut se traduire par 'Esprit du Temps: Aller de l’avant’. Son objectif est de sensibiliser à une économie basée sur les ressources naturelles et non pas sur le système financier et la recherche de profit. Ce documentaire est à la source d’un mouvement activiste nommé ‘Mouvement Zeitgeist’ qui s’efforce de critiquer le modèle socio-économique actuel pour provoquer une prise de conscience et un changement de paradigme.  


Extrait du documentaire



Le documentaire (anglais sous-titré en français). Durée : 2h40 .

Il s’agit d’un mouvement activiste dont je ne partage pas l’ensemble des positions ou conclusions mais ce documentaire met à disposition des éléments d’informations qui peuvent intéresser le plus grand nombre. Thomas


Le site officiel du documentaire et du mouvement Zeitgeist

Qu'est-ce que le Mouvement Zeitgeist ?

Nous sommes un mouvement social international fondé en octobre 2008 par l'auteur et réalisateur américain Peter Joseph dont le but est de sensibiliser le monde entier au concept d'économie basée sur les ressources naturelles que développe depuis plus de 30 ans Jacque Fresco, concepteur industriel et ingénieur social, dans le cadre du Projet Venus.
Le mot "Zeitgeist" est un terme qui apparut en Allemagne au Siècle des Lumières (XVIIIème siècle). Il est employé en philosophie depuis Hegel pour désigner le climat culturel, intellectuel, moral, spirituel et/ou politique d'une période historique précise. On le traduit généralement par "l'esprit du temps".
Il illustre l'approche globale systèmique que nous nous efforçons d'adopter dans notre critique du modèle socio-économique actuel, et rend compte de notre objectif militant principal qui est justement de provoquer un changement de Zeitgeist.

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Pourquoi ce changement est-il nécessaire ?

Le Mouvement Zeitgeist constate que l'organisation sociètale en vigueur ne répond pas aux besoins fondamentaux des êtres humains et qu'elle est la cause de toutes sortes de maux qui minent l'humanité et son environnement naturel. De surcroît, pour des raisons de rentabilité financières, elle ne tient guère compte des avancées technologiques ni de la quantité limitée des précieuses ressources de notre planète.


Nous affirmons donc que ce système obnubilé par le profit est obsolète et risque de nous mener à un chaos social et environnemental sans précédent.
Pour résoudre les problèmes auxquels est confrontée l'humanité, nous prônons l'adoption d'une approche fondée sur la méthode scientifique et la cybernétique. Par ailleurs, il va de soi qu'un nouveau paradigme ne pourra voir le jour que si la coopération se substitue à la compétition.
Ces critères constituent les fondements du Modèle Économique Basé sur les Ressources (MEBR) que nous proposons. Il place la satisfaction des besoins humains à l'échelle planétaire, mais aussi la préservation de notre environnement, au centre des préoccupations. Ce nouveau système économique implique l'utilisation des connaissances scientifiques et technologiques actuelles afin de garantir la gestion des ressources naturelles, la production et la distribution des biens la plus rationnelle possible. Il s'agit d'améliorer la condition humaine tout en assurant au mieux la pérennité de notre espèce. Un tel modèle ne saurait avoir recours à l'usage de la monnaie ou à toute autre forme d'échange marchand, car en créant une réelle abondance il rend ce genre de pratiques obsolètes.
Sachez enfin que nous défendons l'idée selon laquelle l'étude de l'être humain ne peut faire abstraction de l'environnement dans lequel il évolue. Le contexte familial, la vie sociale, les conditions matérielles et la culture dominante sont les principaux éléments qui influent sur sa personnalité, son psychisme, ses valeurs et ses croyances. Nous devons par conséquent changer l'environnement socio-économique au sein duquel nous évoluons afin d'engendrer des comportements plus sains et qu'émerge enfin un monde juste et durable.
Nous vous invitons vivement à regarder nos films, nos conférences et à lire le guide d'orientation activiste afin d'approfondir les thèmes évoqués dans cette brève introduction.
Le Mouvement Zeitgeist tient à rester neutre politiquement, religieusement et idéologiquement. Nous souhaitons fédérer les peuples de la Terre autour de l'idée toute simple de la fraternité humaine. Les vrais problèmes ne sont-ils pas en effet ceux qui concernent l'ensemble des Terriens ?


PRATIQUE : Une retraite au Village des Pruniers

Un très beau diaporama qui reflète à merveille l’atmosphère sereine et emprunte de spiritualité qu’il nous est donné de découvrir en arrivant pour la première fois aux Pruniers. Un très beau cadeau ! et une manière, pour ceux qui ne se sont pas encore rendus aux Pruniers, de découvrir le quotidien du Village à travers les différentes activités d’une journée. Ce diaporama a été réalisé par Véronique. Merci !














LIEN EXTERNE VERS LE DIAPORAMA 
Désolé, je n’ai pas réussi à l’insérer directement dans le blog. Le fichier initial de Véronique était en .PPS et comportait une très belle musique. Je vous invite à sélectionner, vous aussi, une musique, belle et sereine, pour découvrir ce diaporama. 
Un lotus pour vous. Thomas  



ÉVÉNEMENTIEL : Salon Slow Food EuroGusto (Tours, 18-20/11/11)




Euro Gusto c’est le rendez-vous européen du mouvement Slow Food. On y parle de goût, mais aussi de consommation responsable car c’est bien l’alliance des deux qui fait la spécificité de Slow Food. Ce salon est le rassemblement de ceux qui sont convaincus que « manger est un acte agricole »*, un acte dont les conséquences vont bien au delà de notre assiette, et qui n’entendent pas pour autant renoncer aux plaisirs de la table.
Euro Gusto, c’est la volonté de partager cette vision de l’alimentation avec toujours plus de monde. Moment d’échange sur un sujet tel que la nourriture, Euro Gusto se devait d’être placé sous le signe de la convivialité, autre valeur fondatrice de Slow Food.
Que trouve-t-on à Euro Gusto ? Un Marché de produits d'ici et d'ailleurs, un Bistrot Paysan au goût de territoire, une Œnothèque pour découvrir des vins et des vignerons, un Ateliers du Goût et de la Terre, des débats sur l'alimentation et l'agriculture, un Espace Enfants ludique et pédagogique... 
Liens :
- Euro Gusto, la Biennale (Tours - du 18 au 20 novembre 2011)
- Le Slow Food




Edito de Carlo Petrini, Président de Slow Food

Euro Gusto est la fête européenne du mouvement Slow Food. Elle est vitrine des projets patiemment et discrètement menéspar notre réseau à travers le monde. Elle est synonyme de rencontres humaines, d’échanges culturels et de partages de savoir-faire. Elle est terrain d’expérimentation d’une pratique économique plus juste du commerce alimentaire. En un mot, Euro Gusto est une fête agitatrice tant de nos sens que de nos cerveaux.

La question se pose toutefois : n’y a-t-il pas indécence à parler de fête en pleine crise ? Chaque jour voit son lot de nouvelles situations individuelles tragiques, en Grèce bien sûr, mais aussi en Italie ou en Espagne, comme en témoigne le taux de chômage des jeunes dans ces pays. Cette crise que l’on appelle «économique» est avant tout une crise de valeurs. Une crise qui nous amène à questionner l’individualisme et l’accumulation comme fin en soi, fondements du monde dans lequel nous vivons.

La fête sera notre thérapie. Non pas dans l’idée d’oublier nos soucis le temps d’un week-end, mais plutôt dans celle de se souvenir, à travers le partage et les échanges, que nous faisons partie d’une communauté. Une occasion d’élargir notre champ de vision, d’enlever nos œillères et de sortir de l’égoïsme dans lequel les difficultés ont tendance à nous pousser. Une occasion de réaffirmer toute l’importance de l’humain, et du vivant en général, face à la logique de marché et au catastrophisme ambiant qui mène aussi à la paralysie.

Nous pouvons encore sourire, rire et prendre du plaisir, et c’est là qu’est l’espoir. Nous ne sortirons de cette crise par le haut que si nous nous souvenons que l’on est plus forts collectivement. Si nous goûtons à nouveau au plaisir d’agir ensemble. Si nous retrouvons le sens de la communauté, ou plutôt si nous le réinventons en puisant ce qu’il y a de bon dans nos racines tout en vivant avec notre temps. Une démarche à laquelle il serait souhaitable que les gouvernements, au niveau national et international, s’associent.

La fête qu’est Euro Gusto a un sens si, au delà du bon moment que nous passons ensemble, elle nous aide à comprendre qu’un peu moins de confort dans le futur ne veut pas dire renoncer au plaisir de vivre. Mais aussi que notre plaisir ne peut pas être pris au détriment de l’autre. Si nous arrêtons de gaspiller 40% de la nourriture que nous achetons, nous serons à même de payer un prix plus juste aux personnes qui travaillent la terre. Nous le devons car dans le cas contraire il n’y aura bientôt plus de jeunes assez fous pour choisir le métier de paysan. Nous n’aurons plus de paysans. Les smart phones sont peut-être très smart mais, jusqu’à preuve du contraire, non comestibles.

Nous sommes tous dans le même bateau et nous sortirons de cette tempête si nous réapprenons à nous soucier de l’autre. Le voisin, le collègue, les autres citoyens de notre pays et de l’Europe mais aussi ceux de pays plus lointains tels que la Côte d’Ivoire ou la Macédoine que nous accueillons à Euro Gusto cette année. La fête est le seul luxe que nous pouvons encore nous permettre. Un luxe à partager et à essaimer.

Carlo Petrini, président de Slow Food.


LIEN EXTERNE VERS LE DOSSIER DE PRESSE


VIDEO : Tous candidats pour 2012, pour une société plus écologique et plus humaine




Colibris lance une vaste campagne citoyenne en parallèle des élections présidentielles : "Tous candidats en 2012 ».

Au-delà de toutes considérations politiques, économiques, partisanes, c’est aujourd’hui à la conscience de chacun d’entre nous que nous faisons appel, pour construire une société plus écologique et plus humaine.

Combien sommes-nous aujourd’hui à inventer, à construire, une société plus écologique et plus humaine ? Comment mettre en valeur les trésors créatifs que la société civile élabore tous les jours ? Comment agir ensemble ?

Alimentation, énergie, habitat et urbanisme, économie, éducation… chaque jour, par chacun de nos actes, nous participons à transformer le monde. La campagne "Tous candidats" permettra à chacun, au-delà de toutes considérations politiques, économiques et partisanes, de se déclarer candidat à l’action et de poser les fondements d’une société nouvelle.

Vous aussi, vous voulez être candidat ? Déclarez-vous sur : touscandidats2012.fr




POEME : L'important est de semer..

Sème, sème...
DR
L'important est de semer
- un peu, beaucoup, tout -
les graines d'espérance.
Sème ton sourire
afin qu'il resplendisse
tout autour de toi.
Sème tes énergies
pour affronter
les batailles de la vie.
Sème ton courage
pour régénérer celui d'autrui.
Sème ton enthousiasme, ta foi
et ton amour.
Sème les plus petites choses,
les petits riens.
Sème et aie confiance :
chaque graine enrichira
un petit coin de la terre.

Poème Anonyme, tiré du livre ABC des Chakras, Dominique Lecroq, Ed. Grancher


ORGANISATION : L’association Navajos-France



Rester vivant, en création, disent les Hataalis (ou hommes-médecins), ne signifie pas adopter une attitude craintive. Ce n'est pas vivre sans prise de risque, à l'abri dans une bulle, dans la crainte de tout changement, de toute évolution, autrement dit, de la vie.  

"Vivez, ne perdez jamais complètement votre pouvoir de guérison. Vivre ce n'est pas tomber malade. Vivre c'est avoir la capacité de guérir au moment voulu ! »

Le thème central de la philosophie Dineh est l'obtention de l'Hozho, ou l'association de beauté, équilibre et harmonie. L'élément de base de cet ensemble complexe de relations est la relation fondamentale entre mâle et femelle présentée par Premier Homme et Première Femme, puis plus tard, par la Femme Changeante et Le SoleilOn peut s'éloigner de l'état Hozho si l'aventure le réclame, mais on peut aussi y revenir. 

Les réponses que cherchent les Navajos ne sont pas fondées sur les biens de consommation, mais sur ceux de la préservation de la Terre abritant un univers qu'ils connaissent, qu'ils apprécient et qu'ils aiment. 

L’association Navajos-France est animée par Lorenza, une artiste musicienne et peintre. Passionnée depuis 1997 par la philosophie du peuple des Dineh, Indien Navajo, Lorenza crée de forts liens avec les artistes, les hommes-médecine et les membres du Gouvernement Navajo. Autorisée par les membres de la Nation Navajo à faire valoir en France et dans le monde la culture de ce peuple, Lorenza met en place régulièrement et depuis 13 années, des rencontres interculturelles artistiques. C’est par la découverte des peintures de sable artistique, des chants et des partages intercultuels qu’elle nous a ainsi permis de mieux comprendre et de découvrir un peuple qui place la Beauté au cœur de leur philosophie. Lorenza vit une partie de l’année en Territoire Dineh.

L’association Navajos-France propose : une initiation aux chants Dineh, des ateliers de peinture de sable, des rencontre cultuelles ... 



Comment puis-je libérer mon souffle, ma voix? Que s’est-t'il passé dans mon parcours de vie qui à "retenu" ma voix et fermé mon corps?

L’association Navajos-France propose tous les mercredi, à 20h, Porte des Lilas, une initiation aux chants Dineh (places limitées). Régulièrement, l'association organise des séminaires de 2 jours ‘Technique & Initiatique Native-American’ également animés par Lorenza. (Programme à venir)

Les chants et sonorités répétitives étudiés lors des cours proviennent essentiellement de la Culture Dineh. Ils sont en résonnance avec la Nature et nous lient à la conscience universelle Hozho.



Information-Confirmation-Inscription-Réservation :
navajofrance@hotmail.com

Pour toute demande personnelle, merci de contacter directement Lorenza (animatrice des cours et stages)
lorenza@navajo-france.com
"Puisses-tu marcher dans la Beauté »




Thomas : « Les 22 et 23 octobre 2011, j’ai participé à un stage de 2 jours organisé par Lorenza pour m’initier aux Chants Navajos (Dineh). J’ai découvert des chants d’une grande force énergétique et une animation de grande qualité. C’était intense ! Une grande source de mieux-être. "

BIO : Boycotter le bio-business

Voici un article édifiant du Monde Diplomatique (merci J-Claude pour le lien), qui détaille par le menu, la manière dont les supermarchés ont perverti l’objectif premier du bio qui était, non seulement de produire sans pesticide, mais aussi d’être au service du maintien d’une paysannerie de proximité, au sens noble du terme. L’environnemental et le social. Sur ce sujet, un article d’Intelligence Verte met en scène le dilemme auquel, nous sommes, en tant que consommateurs, régulièrement confrontés. C’est pourquoi, on constate aujourd’hui que de nombreux militants de la cause bio n’achètent plus que dans des magasins spécialisés : Biocoop, Naturalia, La Vie Claire ... car désormais, le label AB n’est plus suffisant. Depuis juillet 2010, la France a dû aligner à la baisse, le cahier des charges du label AB sur le label bio européen. Par ailleurs, les conditions de travail, une certaine éthique de production et le caractère local de la production n’est absolument pas pris en compte dans le cahier des charges. Certes, la forme est respectée sur le plan environnemental mais nous sommes désormais très loin de l’esprit ayant donné naissance au label Agriculture Biologique ... D’autres labels sont nés : Bio cohérence, Nature et Progrès ... dans lesquels s’inscrivent les producteurs les plus rigoureux et pour lesquels l’agriculture biologique est davantage une approche globale dans le respect de la terre-mère (Gaia) et de l’homme qui la cultive, qu’un simple cahier des charges. 



Production intensive, exploitation de la main-d’œuvre, absence de traçabilité

Florissante industrie de l’agriculture biologique

Des poulets élevés en batterie, des tomates en toute saison, des vergers où l’on exploite des ouvrières immigrées… Oui, mais « bio » ! Ou comment un mouvement lancé par des militants soucieux de défendre la petite paysannerie tout en rejetant les logiques productivistes risque de s’échouer sur les têtes de gondole des supermarchés.
par Philippe Baqué, février 2011
« Les écolos et les soixante-huitards ont laissé la place aux professionnels ! » Ainsi s’exprimait en juin 2009 un technicien de la coopérative Terres du Sud qui, dans le Lot-et-Garonne, organisait une journée « découverte » dans des élevages intensifs de… poulets biologiques. Les performances des installations livrées clés en main par la coopérative, les crédits et les aides publiques proposés étaient censés convertir les agriculteurs invités. En effet, pour approvisionner la grande distribution et la restauration collective (1), les puissantes coopératives agricoles, liées aux grandes firmes de l’industrie agroalimentaire, se livrent désormais une concurrence farouche dans l’élevage de ces poulets au-dessus de tout soupçon. Elles profitent de la nouvelle réglementation européenne qui permet à un éleveur de produire jusqu’à soixante-quinze mille poulets de chair bio à l’année et ne limite pas la taille des élevages de poules pondeuses bio.
Ces coopératives ont compris qu’elles pouvaient gagner beaucoup d’argent avec un type d’agriculture qu’elles ont longtemps dénigré. En y appliquant leurs méthodes. « Les producteurs sont sous contrats serrés et perdent toute leur autonomie, raconte M. Daniel Florentin, membre de la Confédération paysanne, ancien éleveur de volailles bio qui a travaillé avec la coopérative landaise Maïsadour. Ils sont lourdement endettés pour au moins vingt ans et doivent livrer la totalité de leur production à la coopérative qui s’engage à la prendre, sans prix déterminé à l’avance. C’est un pur système d’intégration, courant dans les élevages intensifs conventionnels. »
Depuis 1999, problèmes de santé et d’environnement obligent, la consommation de produits alimentaires biologiques en France croît de 10 % par an. En 2009, malgré la crise, le chiffre d’affaires des produits bio a augmenté de 19 % (2). Ce marché, longtemps marginal, est devenu porteur et a été investi par la grande distribution, qui réalise désormais plus de 45 % des ventes.
Toutefois, en 2009, malgré la progression des conversions, seuls 2,46 % de la surface agricole utilisée étaient en bio. Pour satisfaire la demande des consommateurs, les acteurs dominant le marché ont donc choisi deux solutions : un appel massif aux importations et le développement d’une agriculture bio industrielle et intensive.
La notion d’agriculture biologique est née et s’est répandue en Europe en réaction à l’agriculture chimique et productiviste qui s’est généralisée après la seconde guerre mondiale. Au début des années 1960, un réseau de petits paysans producteurs de bio et de consommateurs crée Nature et Progrès. L’association attire une grande partie des populations urbaines qui décident, par conviction, de retourner à la terre et tisse des liens avec les différents mouvements écologiques et politiques, comme la mouvance antinucléaire et le syndicat Paysans-travailleurs dans les années 1970, puis la Confédération paysanne et les anti-OGM (organismes génétiquement modifiés) à partir des années 1990. Ce faisant, Nature et Progrès a intégré dans sa charte un certain nombre de principes : refus des produits de synthèse, traitements naturels, diversification et rotation des cultures, autonomie des exploitations, énergies renouvelables, défense de la petite paysannerie, biodiversité, semences paysannes, souveraineté alimentaire... Pour redonner du sens à la consommation et recréer des liens sociaux, la vente des produits biologiques est assurée par des marchés locaux, foires et groupements d’achat qui donneront naissance au réseau des Biocoop (3). La charte de Nature et Progrès a inspiré celle de la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique (Ifoam), adoptée en 1972, qui associait aux critères agronomiques des objectifs écologiques, sociaux et humanistes.

Sur ce marché, les courtiers sont rois

Mais le mouvement paysan et social lié à ce type de culture peine à trouver sa cohérence. Dans les années 1980, le cahier des charges de Nature et Progrès officiellement reconnu cohabite avec une quinzaine d’autres créés par différents mouvements. En 1991, prenant prétexte de cette confusion, Bruxelles en impose un pour l’ensemble de l’Union européenne, dont l’application par l’Etat français donne naissance au label national AB. Les organismes certificateurs, privés et commerciaux, vont à l’encontre du contrôle participatif réalisé jusqu’alors par des commissions de producteurs, de consommateurs et de transformateurs.
Nature et Progrès connaît alors une grave crise. Certains membres décident de boycotter le label. D’autres, tentés par un marché bio certifié en pleine expansion, quittent l’association. « La certification a favorisé les filières au détriment des réseaux solidaires, explique M. Jordy Van den Akker, ancien président de l’association. L’écologie et le social, qui sont pour nous des valeurs importantes de la bio, ne sont plus associés à l’économique. Le label et la réglementation européenne ont permis de développer un marché international facilitant la libre circulation des produits, le commerce et la concurrence. Nous ne nous reconnaissons pas là-dedans. »
Entrée en vigueur le 1er janvier 2009, une nouvelle réglementation européenne permet, entre autres, 0,9 % d’OGM dans les produits bio et des dérogations pour les traitements chimiques (4). « La bio est totalement incompatible avec les OGM, réagit M. Guy Kastler, éleveur dans l’Hérault et militant de Nature et Progrès. Nous, nous continuons à exiger 0 % d’OGM ! La nouvelle réglementation définit des standards et ne se soucie plus des pratiques agricoles. On est passé d’une obligation de moyens — quelle méthode de culture utilisée ? — à une obligation de résultat — quel résidu est décelable dans le produit fini ? C’est la porte ouverte à la généralisation d’une agriculture bio industrielle. »
Dans ce processus, les coopératives agricoles sont en pointe. Grâce, en particulier, à l’alimentation des volailles qu’elles produisent et fournissent aux agriculteurs, leurs marges bénéficiaires sont considérables. L’ancienne réglementation française imposait à un éleveur bio de produire 40 % de l’alimentation animale sur ses terres. Ce lien au sol n’existe plus dans la nouvelle réglementation européenne. L’éleveur achète aux coopératives la totalité des aliments, dont l’un des composants majeurs est le soja. En 2008, en France, la production de volailles bio a progressé de 17 %, alors que celle de soja bio a diminué de 28 %. Le soja importé, beaucoup moins cher, s’est imposé.
En novembre 2008, trois cents tonnes de tourteaux de soja bio venus de Chine par l’intermédiaire d’une filiale de la coopérative Terrena étaient retirées du marché après qu’on y eut décelé un taux important de mélamine, produit très toxique. L’entreprise a depuis renoncé à son commerce avec le géant asiatique, mais, pour alimenter les volailles bio du Grand Ouest, elle s’approvisionne sur un marché international où les courtiers sont rois et ne font pas bon ménage avec la transparence.
Le soja bio acheté en Italie — qui peut avoir été produit en Roumanie ou en Pologne — est en concurrence avec celui du Brésil. Celui-ci est cultivé par des petits producteurs de l’Etat du Paraná, dépendants de grandes sociétés d’exportation, et surtout du Mato Grosso, où les fazendas bio — dont les propriétaires refusent les visites de la presse — peuvent atteindre jusqu’à cinq mille hectares (5). Ce dernier Etat est le plus impliqué dans la destruction de la forêt amazonienne. Selon WWF-France, deux millions quatre cent mille hectares de forêt disparaissent chaque année en Amérique du Sud, directement ou indirectement à cause du soja (6). Pourtant, aucune certification, même au rabais, garantissant qu’il ne participe pas à ce désastre n’est exigée pour le soja bio brésilien.
Si l’agriculture biologique représente une part minime des activités des grandes coopératives, celles-ci entendent néanmoins y imposer leur suprématie. Terrena a acheté l’entreprise Bodin, leader du poulet bio français ; la coopérative Le Gouessant possède désormais l’Union française d’agriculture biologique ; Euralis a des parts importantes dans Agribio Union... Nombre d’associations interprofessionnelles régionales de promotion du bio et la quasi-totalité des chambres d’agriculture — de plus en plus impliquées dans la gestion de ce type de culture — sont sous l’influence des coopératives. L’Institut national des appellations d’origine (INAO), qui assure désormais l’application de la réglementation européenne en France, est dirigé par M. Michel Prugue, président de Maïsadour, qui commercialise plusieurs variétés de semences OGM.
Ces coopératives, qui ne renient en rien l’usage des produits chimiques dans l’agriculture dite « conventionnelle », renforcent leurs liens avec les multinationales impliquées dans la recherche et la commercialisation des OGM. Quarante pour cent des parts de Maïsadour Semences, une filiale de Maïsadour, appartiennent à la société suisse Syngenta, héritière des activités agrochimiques de Novartis. Maïsadour Semences possède des usines de production sur une bonne partie de la planète (7). Cette influence grandissante des coopératives qui ont des intérêts financiers dans le secteur des OGM n’est sans doute pas étrangère à la décision de la Commission européenne de fixer à 0,9 % le taux d’OGM toléré dans les produits bio, alors que le Parlement européen s’y était opposé.
La France importe plus de 60 % des fruits et légumes biologiques qu’elle consomme. ProNatura est le leader français de leur commercialisation dans les boutiques spécialisées et les supermarchés. En moins de dix ans, cette entreprise du sud-est de la France a multiplié son chiffre d’affaires par dix et absorbé quatre autres sociétés. Un quart de ses produits proviennent de France, mais le reste est importé d’Espagne (18 %), du Maroc (13 %), d’Italie (10 %) et d’une quarantaine d’autres pays. ProNatura est la première société à avoir commercialisé des fruits et légumes bio hors saison. Cela n’empêche pas son fondateur, M. Henri de Pazzis, de prôner le respect de la terre, de l’environnement, du paysan et du consommateur. Mais la loi dictée par les sociétés de la grande distribution est bien éloignée de ces principes.« Elles adoptent pour le bio les mêmes mécanismes d’achat destructeurs que pour le conventionnel, explique M. de Pazzis. Elles encouragent la concurrence de façon agressive. Certains de nos produits sont déréférencés car d’autres fournisseurs proposent des prix très inférieurs aux nôtres. » Dans cette guerre des prix, à laquelle ProNatura et les autres sociétés d’import-export ont choisi de participer, le social et le respect de l’environnement ont bien peu de place.

Les mêmes méthodes, mais « certifiées »

Depuis douze ans, ProNatura importe des fraises bio espagnoles produites par la société Bionest. Ses patrons, MM. Juan et Antonio Soltero, possèdent dans la région de Huelva cinq cents hectares de serres qui, à première vue, ne se différencient en rien des milliers de serres conventionnelles couvrant la plaine, sinistrée par une monoculture de fraises particulièrement polluante et exploiteuse de main-d’œuvre. Comme d’autres entreprises, Bionest se situe au sein du parc naturel de Doñana, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco (8). Selon WWF-Espagne, les serres se multiplient de façon plus ou moins illégale sur le parc et pèsent lourdement sur l’environnement, en menaçant notamment les réserves d’eau (9).
Bionest ne respecte pas la biodiversité (le peu de variétés de fraisiers utilisées sont les mêmes que dans les serres conventionnelles), pratique la monoculture, injecte des fertilisants aux plantes par un système d’irrigation en goutte-à-goutte... Ses méthodes de culture ne sont pas radicalement différentes de celles des serres conventionnelles de Huelva. Seuls les intrants certifiés lui assurent le label bio. Pour la récolte, Bionest embauche des centaines de Roumaines, de Polonaises et de Philippines... particulièrement précarisées. Le sujet est très sensible et les patrons de Bionest refusent de recevoir les journalistes pour s’en expliquer.
Ces femmes, qui sont directement recrutées dans leur pays par les organisations patronales espagnoles, viennent chaque année en Espagne avec des visas et des « contrats d’origine » à durée limitée. Ne connaissant par leurs droits, elles sont totalement soumises à leurs employeurs (10). M. Francis Prieto, membre du Syndicat des ouvriers des campagnes (SOC), improvise une visite des logements des travailleuses de Bionest. Totalement isolées au milieu des serres, celles-ci doivent se soumettre à un règlement strict : interdiction des visites, sorties contrôlées, passeports confisqués... « Elles sont terrorisées par leurs patrons, explique M. Prieto, et subissent la même exploitation que les autres saisonnières de Huelva, avec des conditions de travail particulièrement difficiles. »
Bionest n’est pas un cas isolé en Andalousie. Dans les environs d’Almería, AgriEco produit sous cent soixante hectares de serres, conditionne et commercialise de septembre à fin juin plus de onze mille tonnes de tomates, poivrons et concombres « bio ». Dans les serres dotées de technologies de pointe, les intrants sont certifiés bio et les saisonnières sont roumaines et marocaines. M. Miguel Cazorla, son directeur, prévoit avec fierté une nouvelle expansion de la société. Exportée par des norias de poids lourds dans tous les supermarchés et boutiques spécialisées bio d’Europe, les légumes d’AgriEco sont dès le début de l’hiver en concurrence directe avec les produits des serres « bio » d’Italie, du Maroc et d’Israël... Sur le pourtour méditerranéen, la guerre commerciale devient farouche, pour le plus grand profit des intermédiaires.
Bien loin de ces dérives de la bio industrielle, la petite coopérative agricole de La Verde, dans la sierra andalouse de Cadix, a été créée dans les années 1980 par des journaliers membres du SOC qui ont mené à la fin du franquisme des luttes sans concession pour obtenir des terres. Six familles y cultivent des légumes, des arbres fruitiers et élèvent quelques vaches et moutons sur quatorze hectares. Elles commercialisent toute leur production en Andalousie par le biais d’une autre coopérative, Pueblos Blancos, qui regroupe vingt-deux petits agriculteurs ou coopératives bio. « Nous avons été parmi les premiers à nous lancer dans l’agriculture biologique, explique M. Manolo Zapata.Elle était en accord avec l’agriculture de nos grands- et arrière-grands-parents et allait dans le sens de notre lutte. Si l’agriculture biologique ne sert pas à rétablir l’équité, la justice, l’autonomie, l’autosuffisance et la souveraineté alimentaire, elle n’a aucun sens. Et les certificateurs ne nous aident pas. Un agriculteur qui diversifie ses cultures et cultive plusieurs variétés sera plus lourdement taxé que celui qui ne fait que de la monoculture intensive. »
Pour avoir dénoncé publiquement le soutien du principal organisme certificateur espagnol, le Comité andalou d’agriculture écologique (CAAE), aux grandes entreprises du « bio-business », La Verde a dû subir une avalanche d’inspections. Alors que ses membres ont créé la plus importante banque de semences paysannes d’Espagne, qui leur permet d’assurer leurs cultures et fournit tous les petits producteurs bio de la région, ils craignent que la répression ne s’abatte sur eux. « Il existe des lois et des normes qui répriment le droit ancestral de reproduire les semences et qui nous empêchent de certifier ces variétés anciennes que nous avons sauvegardées. » La réglementation européenne de l’agriculture biologique impose en effet d’utiliser des semences certifiées bio. Si elles n’existent pas, il faut recourir aux semences conventionnelles du marché. « Pour le moment, tout se passe à la limite de la légalité, mais si demain la vente de nos produits est interdite, on va nous obliger à cultiver avec des semences bio vendues par Monsanto (11). » Prenant exemple sur certains paysans de Nature et Progrès, les membres de La Verde envisagent de se retirer de la certification bio.

Résistances au bio-business

En Colombie, en Bolivie, au Brésil, en Inde, en Italie, en France, des exemples comme celui-ci se multiplient... La résistance au bio-business s’organise sur toute la planète. De plus en plus de paysans, de communautés rurales et de petites coopératives de producteurs défendent une agriculture paysanne et des modes de culture agro-écologiques qui privilégient des exploitations à taille humaine respectueuses de la biodiversité et de la souveraineté alimentaire. Beaucoup refusent les certifications et pratiquent les systèmes participatifs de garantie fondés sur une relation d’échange et de confiance entre producteurs et consommateurs. Des réseaux de défense des semences paysannes se développent pour imposer le droit des paysans à produire et à commercialiser leurs propres semences.
En France, les Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP), qui mettent directement en relation producteurs et consommateurs sans passer par le marché, connaissent un tel engouement que la demande ne parvient pas à être satisfaite. L’association Terre de liens collecte avec succès des fonds solidaires pour permettre l’installation de jeunes agriculteurs en bio. Pour se démarquer de la réglementation européenne, la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) a créé une nouvelle marque : Bio Cohérence. Elle viendra en complément de la certification officielle en exigeant le respect d’un cahier des charges beaucoup plus rigoureux et l’adhésion à des principes inspirés de ceux adoptés par l’Ifoam en 1972. A l’écart de la réglementation, Nature et Progrès défend son cahier des charges garant d’une agriculture biologique paysanne.
L’intégration ou non des valeurs sociales et écologiques au sein des préoccupations des producteurs, des transformateurs et des consommateurs de la bio déterminera son avenir. Deviendra-t-elle un simple pan du marché soumis aux seuls intérêts du libéralisme économique ? Ou sera-t-elle encore porteuse d’une alternative à ce libéralisme ?
Philippe Baqué
Journaliste, auteur d’Un nouvel or noir. Pillage des œuvres d’art en Afrique, Paris Méditerranée, Paris, 1999 et coordinateur du projet de livre De la bio alternative aux dérives du « bio »-business, quel sens donner à la bio ?. Pour permettre la réalisation de ce travail d’investigation et de réflexion, l’association Alterravia, soutenue par Nature-et-Progrès, la Confédération paysanne, Minga et le Forum civique européen, a lancé un appel à souscription. Voir l’appel et les informations concernant le livre sur le site de l’association.

(1) Pour atteindre l’un des objectifs fixés par le Grenelle de l’environnement, l’Etat envisage d’introduire, d’ici à 2012, 20 % de denrées issues de l’agriculture biologique dans les menus de la restauration des administrations et des établissements publics.

(2) La plupart des chiffres cités proviennent du dossier de presse de l’Agence Bio « Les chiffres de la bio sont au vert », 2010, Agence-bio.fr, et de son ouvrage Agriculture biologique, chiffres clés. Edition 2009, La Documentation française, Paris.
(3) Pascal Pavie et Moutsie, Manger bio. Pourquoi ? Comment ? Le guide du consommateur éco-responsable, Edisud, Aix-en-Provence, 2008.
(4) « Bio / OGM : le vote des députés européens à la loupe », Terra-economica.info, 21 mai 2009.
(5Cf. les articles de Cécile Leclère et Ben Hoppenstedt, « Mission en Amérique latine »,Biocontact, Gaillac (juin à septembre 2008).
(6) Boris Patentreger et Aurélie Billon, « Impact de l’agriculture et de l’alimentation industrielles sur la forêt dans le monde — rôle de la France » (PDF), WWF-France, Paris, avril 2008.
(7) Dans l’Etat brésilien du Paraná, en octobre 2007, une milice armée missionnée par Syngenta a assassiné un militant du Mouvement des sans-terre (MST) qui occupait en compagnie d’une centaine d’autres agriculteurs des champs de recherche OGM de la société suisse.
(8Cf. « Importer des femmes pour exporter du bio ? », Silence, n° 384, Lyon, novembre 2010.
(9) Communiqué de WWF : « Fraises espagnoles : exigeons la traçabilité », 23 mars 2007.
(10) Emmanuelle Hellio, « Importer des femmes pour exporter des fraises (Huelva) »,Etudes rurales, n° 182, Paris, juillet-décembre 2008.
(11) « A qui profite la récolte ? La politique de certification des semences biologiques » (PDF), rapport de l’organisation Grain, Barcelone, janvier 2008.