TEXTE : La foi selon Thich Nhat Hanh

"Je voudrais vous parler de l’amour et de la foi. Si l’on peut distinguer le véritable amour de l’amour qui ne fait qu’engendrer souffrance et désespoir, on peut aussi distinguer la foi qui nous soutient, qui nous donne de la force et de la joie, de celle qui peut disparaître du jour au lendemain, nous laissant complètement seuls et perdus.

Avec la foi, vous avez le sentiment d’avoir la vérité, la vision profonde et le chemin à suivre. Et c’est ce qui vous rend heureux. Mais est-ce le vrai chemin ou juste de l’attachement à un système de croyance ? Ce sont deux choses différentes. La foi véritable vient du chemin que vous prenez, qui vous apporte de la vie, de l’amour et du bonheur chaque jour . Vous continuez à apprendre pour que votre bonheur et votre paix puissent grandi, ainsi que le bonheur et  la paix de ceux qui vous entourent. Il n’est pas nécessaire de suivre un chemin religieux pour avoir la foi. Mais si vous adhérez juste à un ensemble d’idées et de dogmes qu’on appelle la foi, ce n’est pas la vraie foi, mais cela vous donne de l’énergie. Il faut faire la distinction. Cette énergie est encore aveugle et peut causer de la souffrance en vous et autour de vous. Une énergie qui vous permet de rester lucide, aimant et tolérant vous apporte tout autre chose qu’une énergie aveugle. Vous pouvez faire beaucoup d’erreurs avec ce genre d’énergie. Nous devons distinguer la foi véritable de la foi aveugle. C’est un problème dans toutes les traditions.

Dans l’enseignement du Bouddha, la foi est faite d’une substance appelée « vision profonde » ou « expérience directe ». Un maître peut transmettre ce qu’il sait à ses disciples. Mais il ne peut transmettre que des idées et non sa propre expérience. Le problème n’est pas de communiquer l’expérience en termes d’idées ou de notions, mais d’aider le disciple à faire le même genre d’expérience. Par exemple, vous connaissez le goût de la mangue et vous pourriez être tenté de l’expliquer, mais vous savez qu’il vaut mieux offrir au disciple un morceau de mangue pour qu’il en fasse l’expérience directe. Si vous écrivez un livre sur le bouddhisme zen, vous pouvez faire des recherches poussées et lire des centaines de livres sur le sujet. Mais, malgré toutes ces connaissances, ce livre n’apportera rien car il n’est pas le fruit de votre vie, de votre expérience directe. (...)

Vous savez que le Bouddha n’est ni un mot ni une notion : le Bouddha est une réalité que vous pouvez touchez chaque jour. Avec ce genre de foi, vous ne deviendrez jamais totalitaire, vous n’essaierez jamais d’imposer votre foi aux autres, parce que votre foi est la foi véritable. »


Bouddha et Jésus sont des frères – traduction de l’anglais Marianne Coulin – éditions du Relié 2001

DOCUMENTAIRE : Le jeûne, une nouvelle façon de se soigner (Arte, Mars 2012)


Lien vers la page consacrée au documentaire sur Arte
(Merci Raphaëlle pour le lien Youtube)

Nouvel Obs. : Le jeûne, une nouvelle façon de se soigner

Modifié le 28-03-2012 


LE PLUS. Comment imaginer que se priver peut rendre plus fort ? C'est pourtant ce que prouvent plusieurs études venues de l'étranger : le jeûne guérit. Explications de Thierry de Lestrade et Sylvie Gilman, réalisateurs de documentaires, notamment auteurs de "Le jeûne, une nouvelle thérapie ?", qui sera diffusé sur Arte à la fin du mois.

Édité par Louise Pothier   
Notre système de santé craque de toutes parts. Les comptes sont dans le rouge. Les maladies s’installent : diabète, hypertension, pathologies inflammatoires, allergies, dépressions… À chacune sa pilule. Nous vivons plus vieux, pieds et poings liés aux béquilles chimiques fournies par l’industrie du médicament. L’obésité fait des ravages, le cancer frappe chaque famille.

Ce constat est connu de tous aujourd’hui. Et que faisons nous ? Nous poursuivons dans la même direction.

Qui s’en soucie ? Les médecins suivent les protocoles, les comptables chiffrent, la dette enfle.

Médicaments, image d'illustration (RAUPACH/VARIO IMAGES/SIPA)
Médicaments, image d'illustration (RAUPACH/VARIO IMAGES/SIPA)

Que faire face à ce dérèglement du système de santé ?

Nous pouvons peut-être changer de perspective, penser notre système comme un vrai système de santé et non comme un système de la maladie.
Nous pourrions travailler sur le corps dans son ensemble, au contraire de la pratique qui veut que le médecin soigne son patient comme un garagiste répare une voiture : quand il a un pépin, par pièces interchangeables.

Au fil de ce questionnement, nous sommes tombés sur un vieux truc, vieux comme le monde : le jeûne. Étrange pratique, qui incite souvent à l’ironie, parce qu’elle effraie un peu (beaucoup) : qui n’a pas peur du manque ?

Jeûner, c’est entrer dans un pays inconnu

Aucun de nous n’avait jeûné, ne connaissait des gens qui avaient jeûné, avant de nous lancer dans une enquête qui voulait répondre à trois questions : est-il dangereux de jeûner ? A-t-on observé dans le corps, de manière objective, scientifique, les effets du jeûne ? Ses effets sont-ils bénéfiques ?

Ne revenons pas en détails sur les résultats de cette enquête : nous les racontons dans le documentaire diffusé sur Arte le 29 mars (1).

Précisons néanmoins que les découvertes sur le jeûne sont tout à fait étonnantes.

Les Soviétiques ont constitué 40 ans d’études cliniques, établi des protocoles, des listes d’indication et de contre indication et ont soigné des dizaines de milliers de patients. La pratique est également réelle de l’autre côté du Rhin : 15 à 20% des Allemands déclarent avoir jeûné et, est-ce une coïncidence, ils consomment beaucoup moins de médicaments que nous.

Un chercheur de l’université de Californie, Valter Longo, vient de son côté de publier dans une revue scientifique haut de gamme des résultats surprenants, chez la souris, sur le jeûne et la chimiothérapie.

Le jeûne, plus qu'une simple solution, un révélateur

Le jeûne n’est pas la panacée. Il ne sera pas la solution à lui seul des problèmes de notre système de santé.
Mais le jeûne est un révélateur. Révélateur de la capacité à penser autrement.

Interrogé dans un hebdomadaire cette semaine, un cancérologue français de l’hôpital Cochin n’a pas craint d’affirmer : "Le jeûne n’a aucune place dans le champs des pathologies malignes." ("Elle", 23 mars 2012), à l’encontre des publications de Longo. En France, ne changeons rien. Pensons comme nous avons toujours pensé.

Autre son de cloche au Norris Hospital de Los Angeles, un des centres de cancérologie les plus importants de Californie, où un essai thérapeutique préliminaire est conduit en faisant jeûner des patients atteints de cancer avant la chimiothérapie. David Quinn, chef du service des essais thérapeutiques (200 essais thérapeutiques sont conduits chaque année), nous a déclaré : "Nous suivons avec beaucoup d’intérêt cette piste. Une méthode simple, facile à mettre en œuvre, et pas chère, potentiellement applicable à tous les cancers : pourquoi la négliger ?"

Pour l’instant, il ne s’agit que d’essais préliminaires. N’empêche, la clinique Mayo a lancé elle aussi des essais thérapeutiques, l’Université de Leiden, aux Pays-Bas également.

Et en France ? Pas d’essais en vue. Dans le même hebdomadaire, un autre professeur déclare : "Jeûner est à proscrire en cas de maladie." ("Elle", 23 mars 2012)

Et au nom de quoi, dans une France championne du monde de la consommation de médicaments ? De l’ignorance ? De l’incapacité à penser le monde autrement ?

Comme nous le disait Valter Longo : "C’est difficile d’imaginer que vous pouvez supprimer la nourriture à quelqu’un et qu’il devient plus fort." Et Valentin Nicolaïev, à Moscou, d’ajouter : "C’est encore plus difficile pour un médecin. Jeûner, c’est un peu mettre sa tête à l’envers."

Sommes-nous prêts à penser le monde autrement ? À penser notre système de santé autrement, à penser notre rapport au soin et au corps différemment ?

Et si le manque n’était plus vécu comme une défaite ? "Moins" pourrait-il être "Plus" ?


(1) "Le jeûne, une nouvelle thérapie ?", 29 mars 22h20, Arte

* Elle. 23 mars 2012

PARABOLE ZEN : Sur la colline


 
Il était une fois un homme qui se tenait debout sur une haute colline. Trois voyageurs, passant à distance, le remarquèrent et discutèrent à son sujet. 

L’un dit : « Il doit avoir perdu son animal favori. » Un autre dit : «  Non, il doit être à la recherche de son ami. » Le troisième dit : « Il est là-haut seulement pour jouir de l’air frais. » 

Les trois voyageurs ne pouvaient se mettre d’accord et continuèrent à discuter jusqu’au moment où ils arrivèrent en haut de la colline. L’un demanda : « Ô ami, qui vous tenez debout sur cette colline, n’avez-vous pas perdu votre animal favori ? 
-        -  Non, Monsieur, je ne l’ai pas perdu.
L’autre demanda :
« N’avez-vous pas perdu votre ami ?
-       - Non, Monsieur, je n’ai pas perdu mon ami non plus. 
Le troisième voyageur demanda :
«  N’êtes-vous pas ici pour jouir de la fraîcheur ?
-          - Non, Monsieur.
-         -  Pourquoi donc êtes-vous ici, si vous répondez « non » à toutes nos questions ? 

L’homme sur la colline répondit :
« Simplement  je suis ici. »

Citée par Hubert Benoit dans La Doctrine suprême.