CONTE : Une boisson miraculeuse

Une histoire pour se rappeler que nous avons en nous-mêmes des ressources pour se transformer, et qu’il suffit juste d’apprendre comment les mobiliser... (D’après un conte chinois, source exacte non-retrouvée)



Un homme était désespéré d’être trop souvent le jouet de ses violents accès de colère qui occasionnaient beaucoup de problèmes. Car il prononçait alors des paroles grossières qu’il regrettait ensuite amèrement. Ou bien, il devenait brutal, agressif. Ce qui le chagrinait ensuite, car son vœu le plus cher était de vivre en paix avec lui-même et ceux qui l’entouraient. Il avait cherché par de multiples moyens à se débarrasser de la colère, sans succès. Il avait consulté beaucoup de médecins, de philosophes, de religieux. Mais rien n’y fit, la colère toujours réapparaissait sans crier gare.

Un jour, il décida de rendre visite à un vieux sage dont on lui avait dit le plus grand bien, et qui vivait retiré dans une montagne lointaine, afin de lui demander conseil. Il marcha fort longtemps, et après avoir cherché, parvint enfin à la hutte où vivait le sage à la si grande réputation. Le sage l'écouta puis alla chercher un petit flacon. Il lui recommanda, dès qu’il sentirait la colère monter, de boire très peu de son contenu, mais le plus lentement possible, à toutes petites gorgées, en ne pensant à rien d’autre qu’à cette boisson. L’homme était un peu désappointé, il se demandait bien comment un tel remède en si petite quantité pourrait l’aider... Mais il avait confiance malgré tout dans la sagesse du vieil homme, et après l’avoir remercié, il s’en retourna.

Un certain temps passa. L’homme avait scrupuleusement respecté les indications du vieux sage : à chaque fois qu’il sentait monter en lui le flot grondant d’une colère, il buvait lentement une infime quantité du flacon. Et au bout d’un moment, de façon inexplicable, la colère disparaissait. L’homme, satisfait, se demandait bien quel était cet extraordinaire remède capable de chasser toutes les colères, y compris le plus soudaines et les plus violentes. Le remède n’avait aucun goût ni saveur. Mais lorsqu’il en buvait en étant attentif à la moindre goutte, une sensation de grand calme et de bien-être finissait par l’envahir peu à peu, immanquablement. Il constata que, au fil du temps, les colères s’espaçaient, et qu’il utilisait de moins en moins souvent le précieux liquide.

Au bout d’un certain temps, il se rendit compte qu’il lui suffisait même parfois d’imaginer qu’il buvait le remède très lentement lorsqu’une colère apparaissait, pour qu’elle disparaisse quasiment aussitôt. Il se dit qu’il s’était peut-être guéri de ce mal qui lui causa autrefois tant d’embarras.

Plus tard, ayant vidé tout le contenu du flacon, l’homme retourna voir le vieux sage.

- Maître, quel est donc ce breuvage merveilleux capable de guérir les plus violentes colères ? Je n’en ai plus. Donnez m’en encore, je vous prie.

- Ce breuvage merveilleux, vous le connaissez fort bien, il est autour de vous et vous l’utilisez souvent sans vous rendre compte qu’il s’agit de votre remède.

L’homme protesta. Ce remède qu’il buvait avec tant d’attention, il serait capable de le reconnaître entre mille autres boissons !

- Maître, je vous prie, dites-moi ce qu’il y avait dans ce flacon.
- De l’eau.

L ‘homme sentit monter en lui la colère : le vieux sage se moquait de lui ! Il avait fait à deux reprises tout ce long chemin uniquement pour de l’eau ! Il était furieux. Le sage reprit la parole :

- Ce remède n’a rien de miraculeux. Ce n’est pas lui qui vous a guéri. En étant attentif à boire lentement, votre esprit se détournait de la colère. Celle-ci n’était plus nourrie par vos pensées, et donc disparaissait. Vous vous êtes guéri tout seul. Vous n’avez pas besoin de remède, seulement besoin d’apprivoiser votre colère. Et vous l’avez fait en orientant vos pensées vers ce que vous étiez en train de faire, c’est-à-dire boire de l’eau, tout simplement.

L’homme finit par se calmer puis réfléchit longuement sur les paroles du vieux sage. Après l’avoir remercié, il repartit, les mains vides cette fois, mais le cœur joyeux. Car maintenant, il savait comment se comporter avec la colère.

1 commentaire:

  1. Application de la pleine conscience à la colère.
    J’aime la manière dont on se sert d’une croyance (un remède ‘physique’ dans un flacon) comme support à la pleine conscience.
    Une fois les bénéfices expérimentés, il est alors temps de laisser le ‘médicament' de côté et accueillir la pleine conscience, en conscience ;o)

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